Les films sur les photographes sont relativement rares, même s’il en existe quelques-uns.
C’est toujours un grand plaisir de voir un confrère porté à l’écran pour expliquer son travail et le regard qu’il porte sur le monde.Sortant de la projection presse du dernier en date, suite à une aimable invitation de la maison de distribution, voici un petit résumé, histoire de vous faire patienter jusqu’à demain.
Jennifer Baichwal s’est attardé sur le travail du photographe Edward Burtynsky (portfolio diffusé dans Le Monde2 il y a deux ans, de mémoire), qui photographie depuis plus de vingt ans des Paysages manufacturés. Entendons par là des paysages modifiés par la main de l’homme lors d’un processus industriel.
Les premières minutes sont un long plan séquence qui nous plonge dans une usine chinoise de fabrication de pièces diverses et variées. Un long traveling commence alors et remonte une allée au long de laquelle se succèdent des chaînes de montage. La caméra se rapproche progressivement, pour rentrer dans l’intimité des ouvriers.Le plan se termine par une vision d’ensemble, et montre une usine d’une taille incroyable, une champ de chaînes de montage qui s’étend à perte de vue.Vous êtes dans le ton du film.
La Chine y occupe un place importante, de par son extension économique et industrielle. Mais il ne s’agit pas du seul pays traité par Edward Burtynsk.Vous serez promenés au Bangladesh pour le démantèlement de bateaux, dans une mine, sur des champs pétrolifères, à Shangaï, dans des décharges de matériaux pour la récupération de matière première et sur des sites de stockage et de production de charbon.
La tendance n’est pas au paysage zen et doux de Michael Kenna. Vous êtes dans une tout autre réalité, sans le côté enjoliveur de Sebastião Salgado.
Les prises de vue sont relativement objectives. Relativement, car il y a toujours un parti pris et, de par sa conception, la photographie ne montre que ce qui tient dans l’objectif. Il s’agit d’un regard sur le monde modifié par l’homme, sans arrière-pensée accusatrice. Ce qui lui permet d’avoir accès à de nombreux sites sensibles, même en Chine.
Il s’agit d’un regard qui constate l’ampleur prise par le monde industriel et son extension permanente sur la nature ou la mer. Il n’y a pas de discours mégalo ou écolo derrière. Le parti pris étant de montrer et de vous laisser juger par vous même.
La réalisation est soignée, le rythme dynamique, l’art et la manière de photographier de Burtynsky sont décrits simplement avec réalisme.
Vous êtes amenés à partager pendant 86 minutes le travail d’un homme dont le sens dépasse le simple fait de montrer, dont la finalité dépasse la photographie traditionnelle, car il s’agit cette fois de notre bonne vieille terre.
Sur les écrans à compter du 28 novembre 2007
86 min, Couleur, 35 mm, Anglais, Dolby Surround 5.1
Comme d’ahbitude pour plus d’informations c’est par là eddistribution.com