Qu’a pu ressentir la société française dans les années 1840 à la vision de ces premiers daguerréotypes, ces petites plaques qui la représentait soudain si facilement, dans son attitude, son expression, ses différents modes de vie ?
Auguste Belloc (Paris, 1801- ?, 1868)
Femme nue devant un miroir, daguerréotype stéréoscopique, vers 1851-1855, 46×16 cm
Paris, musée d’Orsay © Patrice Schmidt, Paris, musée d’Orsay
Tout d’abord, à l’origine, il y eut Jacques-Louis-Mandé Daguerre (1787-1851), qui, associant sur une plaque de cuivre recouverte d’argent un positif et un négatif, créa la possibilité de reproduire la réalité en une image unique, d’une précision étonnante
Il y eut l’Académie des sciences, dont le porte parole François Arago, cria au géni
Il y eut le gouvernement, qui fit politiquement et commercialement ce qu’il fallait pour soutenir et développer ce nouveau procédé qui relevait, alors, du triomphe
Il y eut les artistes, qui virent dans le daguerréotype à la fois un nouveau mode créatif mais aussi un nouveau moyen de travail, au grand damne de l’Académie des Beaux-Arts, qui concevait ces Daguérréotypes comme un moyen pervers, car mécanique, de reproduire les maîtres anciens
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Il y eut la société, enfin, d’abord « la haute » société, la société bourgeoise, qui adopta très vite cette nouvelle façon d’être portraiturée, aimant poser, seule ou en famille, en uniforme ou en civil, au naturel ou mise en scène
puis la société moins aisée qui pu, à son tour, grâce à la démocratisation du Daguerréotype, prétendre se faire, elle aussi, photographier, et qui en usa et abusa
Adolphe Humbert de Molard (Paris 1800-id., 1874)
Louis Dodier en prisonnier, 1847, daguerréotype, 11,5×15,5 cm.
Don de la famille Braunschweig en mémoire de François Braunschweig par l’intermédiaire de la Société des Amis du Musée d’Orsay
Paris, musée d’Orsay © Patrice Schmidt, Paris, musée d’Orsay
Alors 150 plus tard, comment ne pas parler de modernité, de singularité, au regard de ces petites miniatures aux formes et tailles variables, dont la précision et la minutie, alliées à cet aspect étonnamment chatoyant donné par le cuivre et l’argent, nous stupéfient encore à l’heure de l’image numérique ?
Jean-Baptiste Sabatier-Blot (Lassur, Ariège, 1801-Paris, 1881)
Fillette assise tenant un cerceau, daguerréotype, vers 1850, 9×7 cm.
don de la Fondation Kodak-Pathé Paris, musée d’Orsay © Patrice Schmidt, Paris, musée d’Orsay
Comment rester indifférent aux chroniques d’une autre époque qu’elles nous comptent, que celles-ci soient des chroniques historiques (Funérailles du duc d’Orléans à Notre Dame de Paris,1842), psychologiques ou sociales (Anonyme Portrait de femme post-mortem) ?
Marc Antoine Gaudin – Funérailles du duc d’Orléans à Notre-Dame de Paris
daguerréotype circulaire inversé, 1842, diam. 7,2 cm.
Paris, musée d’Orsay © Patrice Schmidt, Paris, musée d’Orsay
Quels beaux témoignages que nous offre cet ensemble : témoignage d’un progrès technique sans conteste dans l’histoire de la photographie et qui, mis en parallèle avec l’exposition « L’image révélée : premières photographies sur papier en Grande-Bretagne » nous permet de comparer deux nations, deux inventions, deux histoires de la photographie dont les différences feront beaucoup l’une pour l’autre ; témoignage d’une époque, d’une société, de ses acteurs, de ses artistes
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Passées les quelques 70 plaques, on en demande encore
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Le daguerréotype français dans les collections du musée d’Orsay
27 mai – 7 septembre 2008
Musée d’Orsay
salles 68 et 69
1, rue de la Légion d’Honneur
75007 Paris
Horaires : Tous les jours, sauf le lundi, de 9h30 à 18h, le jeudi de 9h30 à 21h45.
Tarification : Droit d’entrée au musée : plein tarif : 8 € ; tarif réduit et dimanche : 5,5 €
Bénéficiaires du tarif réduit : les visiteurs âgés de 18 à 30 ans et les familles nombreuses. Le jeudi soir, tarif réduit pour tous et gratuité pendant six mois pour les 18-25 ans.
Métro : Solférino (ligne 12)
RER C: Musée d’Orsay
Bus : 24, 63, 68, 69, 73, 83, 84, 94
Catalogue : La photographie au musée d’Orsay : le daguerréotype français, 96 pages, 62 illustrations en quadrichromie, disponible en français, anglais et italien, coédition 5 Continents/musée d’Orsay.
Pour toutes informations complémentaires musee-orsay.fr