Dans ce genre de manifestation, autant s’attarder sur ce que l’on connait et déambuler pour découvrir le reste avec le regard d’un enfant, étant donné la complexité de l’art contemporain.
Question photo, pas grand chose d’excitant, et pourtant, il y a pléthore de galeries spécialisées dans le domaine avec le lancement cette année de ArtParis Photography. Regroupées sur les extérieurs, elles s’enchainent toutes les unes après les autres, ce qui permet une bonne immersion dans ce monde de l’image. En parlant d’image la tendance est au grand tirage, voir très, très grand tirage, la mode est aussi au diasec ou au contre collé alu. Le problème du grand tirage est la qualité de la réalisation, certaine photos encaissent difficilement et cela devient vite médiocre, surtout pour des photos d’art.
Question photographe, les stars ne sont pas trop de sortie, trop cher ou trop vu à la FIAC ou à Paris Photo peut-être. On y retrouve des grands classiques et du très bons, Saul Leiter, Cartier Bresson, Brassaï, William Klein, Paolo Roversi, Georges Rousse. D’autres noms connus sortent aussi, mais leur travaille est loin de faire rêver ou alors d’un classicisme qui en devient banal, le trop vu lasse. En parlant de lassitude, overdose de l’effet dit « maquette », le web en regorge de partout et certaine galeries aussi. Espérons que le côté effet facile s’estompe rapidement, car cela manque de sérieux.
Si non, surfe sur la vague chinoise, Yang Yi, Gao Brother et confrères. Sur le premier, il y a de l’idée, un peu de concept, mais cela s’arrête là, sur le second, amusant surtout The Forever Unfinished Building No. 4, 2008, mais comment dit on « déjà vu » en Chinois ? Bref cela sent quand même l’effet de mode post J.O, on s’ouvre sur la Chine pour être dans le vent, mais on en ressort pas les meilleurs (dommage, pas vu de Izima Kaoru ou de Xing Danwen, sont ils déjà dépassés ?).
Après il reste les découvertes, certes moins nombreuses que je ne le pensais, mais de très belles choses sont là, et bien là. Découvertes certes dans un style assez classique, car on se veut rassurant par ces périodes de crise.
Claire de Virieu à la galerie Esther Woerdehoff, une balade tout en douceur aux jardins du Luxembourg sous la neige, sobre et superbe. Vee speers chez acte2galerie, avec des portraits d’enfants aux attitudes décalées, voir surréaliste, le tout sur des tonalités à limite du monochromatique, tout simplement superbe.
Pour rester dans l’enfance, Jill Greenberg, toujours chez acte2galerie, dans un style plus publicitaire, avec des gros plans de petites bouilles, on les toucherait presque. Les patriarches, deux photos noir et blanc d’arbres centenaires et torturés par Christophe d’Yvoire à la galerie de l’instant, tout simplement efficace.
Meriem Bouderbala bouscule les traditions de la femme musulmane à travers des auto-portrait touchants, vivants au dénuement amusant, entre respect des traditions et modernisme déluré, chez Patrice Trigano.
Les prises de vue aériennes de bateaux de Dirk Brömmel, offre un côté très graphique à la symétrie irréprochable, un travail très technique et amusant à regarder, à la galerie Albert Baumgarten. Chez Berthet Aittouares, Antoine Schneck s’expose via des panoramiques d’objets métalliques et industriels sur fond noir. Images très graphiques avec des matières presque vivantes qui donnent envie de toucher, de caresser la froideur du métal.
Pour finir, deux photographies aux tailles impressionnantes de J&PEG, sweet torture et the nectar of god, un peu de créativité et de mystère pour ce jeune italien au talent prometteur.
Peu de prise de risque cette année, pas de grandes nouveautés, la photographie d’art se veut rassurante vis à vis de son public et des collectionneurs. Du coup je m’interroge sur sa finalité, ou sur ceux qui en manipulent les ficelles. N’est ce pas justement dans des périodes difficiles que le commun des mortels aspire à rêver et à voyager ? Pourquoi replonger encore dans la morosité ? Pourquoi ne pas sortir la tête de l’eau et donner des ailes au plaisir, initier une envie, un désir, surtout sous le cadre de cette magnifique verrière du Grand Palais. Pourquoi ne pas prendre de risques à sortir un peu des sentiers battus et à donner sa chance à d’autres talents, de jeunes talents abordable aux bourses frileuses ? Si vous avez des réponses, n’hésitez pas, je vous attends avec grand plaisir.